Au mois de Janvier je parcourais le calendrier international et tombait sur des images de la Tromso Sky Race en Norvège, des sommets à traverser, un parcours original en aller retour, des fjords, des arêtes de rocher, du vide, de l’engagement pour une course estampillée Kilian Jornet. La famille ne connais pas ce pays, la course à pied est souvent l’occasion de découvrir alors nous décidons d’y aller !!!
Extrême SKY RUNNING quésaco ?
La course en quelques chiffres et une carte
Départ arrivée à Tromso (au bord de la mer), 57km, 4600m de dénivelé, 237 concurrents au départ, 98 finishers. Deux sommets de 1200 et 1400 mètres à franchir, deux fois pour le premier… beaucoup de hors sentier, des pentes raides, des arêtes aériennes, des torrents à traverser dans une eau de 3 à 5 degrés, de la proprioception sur les multiples rochers !!!
Expérimentation du sky running
Je vais vous livrer mes sensations sur la course et essayer de donner ma définition du SKY RUNNING au travers de mon ressenti sur cette Tromso Sky Race :
S comme Simplicité : Un écriteau à la main dans un hôtel de Tromso te dit quand venir chercher ton dossard, pas de flyer pour d’autres courses, pas de sac plastique, pas de puce à mettre au pied, pas de certificat médical à présenter… juste un dossard et un tee-shirt.
Pas de matériel obligatoire, juste un coupe vent. A l’arrivée c’est thé bio, assiette de pâtes et pâtisseries locales, on te sert avec ou sans dossard. Emelie Forsberg commente, prend des photos et des vidéos, interview, fait la remise des récompenses…
K comme Kilian : La course tracée par Kilian Jornet est à son image, c’est raide, engagé, vertigineux, les difficultés ne sont pas contournées mais affrontées directement toujours en passant au sommet.
Y comme « Y faut y aller » : Premier exemple, au top du premier sommet le Tromsdalstind tu bascules de l’autre côté et là je me suis arrêté, j’ai pris mon souffle puis me suis lancé dans un névé dur incliné à 45° qui donnait sur des rochers et des pentes glissantes tout aussi raides. Après une descente directe il faut traverser des torrents jusqu’aux genoux dont l’eau vous serre les mollets. Quand tu arrives sur le dernier sommet, le Hampeokken, une arête de rocher se découpe et là tu dois escalader les premiers blocs rocheux et te retrouves sur le fil avec du vide des deux côtés… encore une respiration avant d’ « y aller » !!!
R comme Raide : Ce qui différencie nos courses de trail habituelles et cette course de sky running c’est la raideur du relief, les pentes sont gravies au plus court, au plus direct, à la montée comme à la descente à tel point qu’on doit souvent se tenir à la végétation ou au rocher pour avancer !
U comme Unique : Je n’imagine pas la possibilité d’une telle course en France du moins sans cordes fixes, baudrier, casque, sélection des participants, quand tu es dans la course tu te dis il faut profiter du moment car c’est original…
N comme Nature : Jamais sur une course de trail je n’ai eu autant l’impression d’être autant entouré de nature. On doit courir parfois hors sentier, hormis sur le départ arrivé il n’y a aucune maison, route, signe de civilisation durant tout le parcours. Pas de fléchage ou de bombe de peinture, juste quelques rubalises et des fanions. Tu prends ton ravitaillement dans les torrents ou lacs rencontrés en plus des quelques points de l’organisation. Dans la première ascension nous avons croisé un troupeau de Rennes d’une vingtaine de bêtes.
N comme « No rules » : Si les règles existent, elles sont réduites au stricte minimum et pour les sky runneurs la règle c’est d’être le plus direct entre deux points. Aussi, malgré les sentiers parfois existants chacun se fait sa trajectoire la plus courte possible. Dans la première petite descente je m’évertue à tracer de belles courbes sur un joli sentier. Les gars me doublent à gauche dans un virage à droite et me disent « cut, cut !!! », bon d’accord…
I comme Images : Les paysages sont souvent à couper le souffle du fait de la verticalité et de la profondeur de vue.
N comme Niveau de performance : Difficile pour moi de me faire une idée sur la concurrence que je connaissais peu. Je termine 4ème à 4 minutes du podium et de Michel Lanne pour une course absolument pas préparée avec la fatigue du voyage et des nombreuses sorties et ascensions réalisées quelques jours avant la course. Ce qui est certain c’est que dans les dix premiers de nombreux team internationaux sont représentés et également de nombreuses nationalités différentes. J’ai l’impression que le sky running gagnerait cependant à clarifier son calendrier, à ne pas multiplier les courses sur les mêmes périodes pour rassembler son élite sur des courses spectaculaires avec une forte concurrence.
G comme « gaufre » : Tomber, glisser c’est normal, il faut juste se préparer à la chute et essayer de ne pas se faire mal !
Pour conclure, cette expérience de course originale m’a vraiment plu, j’ai profité du cadre exceptionnel norvégien, du parcours tourmenté et aérien tracé par kilian. Je ne recommande cependant cette aventure qu’aux initiés à la montagne pour lesquels le vertige n’est pas un problème, ceux qui savent utiliser leurs mains pour progresser dans les rochers, poser les pieds sur une arête d’un demi-mètre de largeur et à ceux que marcher ne rebute pas sur une compétition.
Fabien