« Ma Diagonale des Fous », par Greg De Doncker, gérant TDR Bourgoin-Jallieu
Si l’on ne devait citer qu’une course dans le paysage mondial de l’Ultra-Trail, nul doute que la Diagonale des Fous à la Réunion (aussi appelé GrandRaid) arriverait en première position, avec l’UTMB. Mais la comparaison s’arrête ici avec le festival du Trail de Chamonix tant les deux évènements diffèrent sur bien des points.Gregory De Doncker, le gérant de Terre de Running Bourgoin-Jallieu, s’est rendu sur l’ile de la Réunion pour affronter le mythe de 165km et 10000m D+. Retour sur cette aventure mêlant sueur, François D’Haene, team TDR, Ludo Pommeret, Laurent Jalabert et surtout un plaisir incommensurable… « Le jour où je suis devenu Fou » La Diagonale des fous ne faisait pas partie de mes projets d’ultra à la base. En effet, bien trop attaché à mes bâtons sur les longues distances, je ne m’imaginais pas faire un 100 miles sans ! (ndlr : les bâtons sont interdits sur la Diag) Mais les envies évoluent avec le temps et, les retours émerveillés des différents amis revenus de l’île intense mêlés à l’implication grandissante de mes proches dans ma pratique, vont finalement faire germer l’idée d’allier voyage en famille et ultra de renom… Le projet était né : ce serait pour 2021… Mais le COVID nous poussera à le reporter à 2022… Avec le recul, ce report m’a été bien utile. En effet, après un DNF sur le Trail du Verbier Saint Bernard en juillet 2021, l’ultra Race du lac d’Annecy en octobre, que j’ai terminée, n’a pas été une grande réussite. Et si les bâtons m’étaient fondamentaux à la réussite d’un ultra ??? En manque de confiance et à moitié blessé en début d’année, je tremblais un peu à l’idée de m’inscrire à ce montre de l’ultra trail… Au final, et grâce à l’aide de mon ami Stéphane de Raidlight, le dossard 2020 était pour moi… un numéro qui fera sourire bon nombre de personnes tout au long de mon aventure Réunionnaise… Passionné par l’entraînement, je découpais mon année afin de tenter d’arriver en pleine possession de mes moyens physiques et frais mentalement à la fin du mois octobre. Un début de saison axé sur le vélo (Paris-Roubaix) avant d’entamer la prépa spécifique ultra. Séances d’escalier (merci Rémi), gainage, et volume rythment alors les semaines du printemps. Travailler et maitriser ses allures est souvent banalisé par les coureurs qui souhaitent aller sur du long alors que 70 à 80% du volume doit se faire en endurance. Aussi, il faut intégrer de la variété : répétition des sorties en amoureux, un triathlon en équipe, des randos en famille en montagne… rien de tel pour limiter la monotonie et embarquer ses proches dans l’aventure. Un moment fondamental de ma préparation restera le RUN MATE du Lac Léman où mon ami Fabrice nous a convié à l’accompagner dans un incroyable relai avec Joëlettes. Un week-end qui vous change un homme, nous y reviendrons ! L’arrivée sur l’île Le mois d’octobre arrive finalement assez vite et l’excitation de notre premier voyage en famille prend le pas sur le stress de la course. A vrai dire, je suis en pleine confiance ! Physiquement, mis à part la crainte de la blessure, je me sens fort ! Mentalement : inarrêtable ! Tout cela m’inquiète un peu quand même car je ne voudrais pas payer très cher un excès de confiance qui m’a déjà coûté un DNF. Je profite avec les miens des quelques jours sur l’île et la course me semble très loin quand j’admire les rouleaux de l’océan une Dodo à la main. La météo capricieuse de ce début d’été me cache les sommets imposants de l’île. Tout est rassemblé pour me détendre au maximum. Entre le retrait des dossards le mercredi matin, la préparation du sac et la petite sieste du jeudi, le moment de rejoindre le départ avec ma troupe arrive assez vite. Toujours peu de stress, un peu de peur quand-même, mais surtout une énorme envie de prendre le départ. Je quitte les miens non sans une crainte de les décevoir, et tente de rentrer dans ma bulle en rejoignant mon SAS. Je croise des champions, des anonymes et des têtes connues (Stéphane de Oxygène, Ludo du CAV et des Terre de Runners de Craponne). Une ambiance incroyable au départ Les élites partent avec la première vague. 21h10 : c’est à mon tour ! On m’avait parlé du départ. Ça ne sert à rien ! Il faut le vivre. C’est indescriptible. Un coureur du Tour de France pourrait peut-être ressentir la même chose en gravissant l’Alpe d’Huez ou le Tourmalet. A part cela, je ne vois pas. Pour les Réunionnais le grand Raid est LEUR course… et ils nous le rendent bien ! La foule est incroyable sur les cinq premiers kilomètres. Des dizaines et des dizaines de mains tendues, des cris et des chants se mêlent aux odeurs de barbecue et de substances plutôt illicites. Quand on quitte le bord de mer, la foule est toujours aussi présente et bruyante mais avec un peu moins de densité. Cette foule sera présente sur l’ensemble du parcours et, parfois, à distance respectable de la première route ou habitation. Sur les 40 premiers kilomètres, le tracé n’a rien à voir avec le profil. Si c’est globalement montant, à de nombreuses reprises, les routes ou chemins (souvent tracé dans les champs de canne à sucre) redescendent un peu. Ça permet de relancer et j’arrive au premier point de rencontre avec mon assistance quatre étoiles en quatre heures (Nd de la Paix : km 30 / 2000m D+). Tout va bien malgré une température fraîche et une humidité grandissante. Premiers passages techniques, premiers bouchons… mais je ne m’en fais pas. La route est encore longue, inutile de dépenser de l’énergie pour doubler. Elle me sera bien utile plus tard. Surtout que je commence à retrouver bon nombre de coureurs de la vague une (partis 10 mn avant moi) et que je suis en avance sur mes prévisions (35mn à Nez de Bœuf). A Mare à Boue, le ravitaillement est interdit pour l’assistance. Je retrouve donc mon équipe de choc quelques