mai 31, 2019

L’ultr’Ardèche, ou comment jeter l’éponge au 165ème kilomètre

Après avoir inclus les 12h de St-Fons dans sa préparation, notre coureuse Karine s’est lancée sur l’Ultr’Ardèche. Un défi de taille qu’elle raconte avec humilité et sagesse pour avoir préféré abandonner. Récit d’une course pas comme les autres Les 18 et 19 mai derniers ont lieu lieu la 3ème édition de l’Ultr’Ardèche, pour les initiés l’UA#3. Mais qu’est-ce donc ? Déjà ce n’est pas un trail mais une course sur route avec uniquement 25km de voie verte et un total à atteindre de 222kms pour plus de 4500m de D+ et donc de D-, la précision ayant une grande importance. Comme son nom l’indique cela se passe en Ardèche et les 80 bénévoles sont menés de main de maître par Laurent Bruyère, surnommé Lolonidas, et son épouse Isabelle, sans oublier toutes les autres personnes. Car il en faut du monde pour l’ensemble des ravitaillements assurés par l’orga, avec drop bag, superbes sourires et assistance. C’est une course d’ultra et comme toutes ces courses l’esprit premier y est l’entraide et surtout pas la concurrence entre coureurs. Le camping est d’ailleurs réservé pour ce week-end et tout le monde s’y retrouve dès le vendredi soir pour repas et briefing, dépôt des sacs, rencontres et retrouvailles. Alors qu’est-ce qu’une circadienne, spécialiste donc des courses sur circuits d’environ 1km, sans aucun dénivelé, et des centaines de boucles pendant 24h est venue faire sur 1 seule boucle de 222kms ? La réponse est simple : voir du paysage et me frotter aux éléments ! Et pour les éléments j’ai été servie. De la pluie était annoncée tout le week-end. Au final, la situation a évolué favorablement – au début du moins – car c’est le soleil qui nous a accompagnés en début de course dès les premières montées après le feu d’artifice tiré à 6h du matin. Nous partions alors tous à allure réduite pour courir et marcher au maximum 37 heures, car barrières horaires il y avait. Ce ne sont pas les barrières qui m’ont posées problème, ni même les montées et les premières descentes. Par contre, on commençait à moins rire à escalader (par la route) le Mont Gerbier de Jonc et surtout à le redescendre. En bas, il y avait mon deuxième drop bag, au kilomètre 117. Et le bas fut long à atteindre… A ce moment j’avais déjà effectué quelques kilomètres en compagnie de Maria Pierre, qui finira 2ème féminine, tout en discutant et nous avons rejoint Saint Pierre et la BH 2. Julia Fatton était alors loin devant, sur une tête de course qu’elle ne quittera pas. A ce moment nous savions que les cuisses avaient « pris cher », comme on dit, dans la descente; et le reste n’étant qu’une succession de bosses, que la nuit serait longue. La journée était passée très vite, pour moi du moins car les premiers abandons étaient déjà à compter, et il fallait appréhender la nuit. Vêtements chauds et prendre l’habitude de la pluie qui avait commencé de tomber depuis 18h sans interruption. Il était alors moins de 21 heures, comme prévu sur la feuille de route. Ce serait la dernière fois que cette feuille pourrait être respectée. Car ensuite il y a eu des montées, interminables, puis des descentes, tout aussi interminables. La nuit tombée, seuls les PC pouvaient nous permettre de sentir un peu de présence humaine. Après quelques kilomètres avec Pascale Bouly, et son mari qui l’accompagnait à vélo, je me suis effectivement retrouvée seule dans la nuit avec ma frontale et en combat avec les éléments. La pluie ne cessait pas et certains cols étaient mémorables. Le dernier pour moi, alors que je venais de me changer et remettre des vêtements secs à Saint Julien, avec plus d’une heure de retard sur mes prévisions, a été le col de la Croix de Ferrières. En haut, à seulement 918m d’altitude, la tempête avait décidé de se déchaîner sur moi. Cachée entre buff, bonnet et mes gants pour me cacher le visage, j’ai passé le col, trouvé la flèche pour redescendre et fait le terrible constat : je n’avais plus rien de sec et surtout j’en avais archi marre de cette pluie. Alors j’ai fait tous les calculs possibles et imaginables et passé quelques coups de fils, à près de 5h du mat’. Cela faisait plus de 22 heures que j’étais en route, j’avais fait le plus dur, j’étais alors 2ème féminine, élément qui m’avait permis de repartir à Saint Julien, mais j’estimais qu’il me faudrait encore au moins 10 h, peut être 11 ou encore plus pour rallier Alboussière. J’ai occulté l’élément nuit car pour une fois je n’avais pas sommeil, mais pas l’élément pluie. Depuis plus de 2 heures il n’y avait plus aucun plaisir dans cette aventure. Et j’étais avant tout venu pour le plaisir. Je ne voulais pas disputer les championnats de France de 24 heures à Brive et j’avais choisi ma course plaisir. Il n’était plus là. J’ai donc trouvé ma conclusion : jeter l’éponge qui était gorgée d’eau. Je signais là mon premier abandon sur une course et ce quelle qu’en soit la distance. Mais je le signais avec courage et positivisme. Pour ne pas mettre 3 mois à m’en remettre et pour conserver ce que j’étais venue chercher : l’envie et le plaisir. J’avais toujours des jambes, j’avais toujours ma tête, mais j’avais perdu mon coeur. Ce n’était pas un abandon mais le choix d’un stop pour continuer ensuite. Mes Kinvara 10 ont assuré avec brio la mission qui leur avaient été confiée, mes 5 paires de chaussettes trempées aussi. Les pieds vont bien, les jambes toujours et je serai donc prochainement au départ de la suite de tout ceci : un marathon, pour un autre objectif, mais toujours en Kinvara. J’invite tous les coureurs d’ultra qui aiment la route à la prochaine édition de l’UA#4 donc, les 30 et 31 mai 2020 ! Vous ne le regretterez pas. Pas de bouchons, la nature, la vraie, les éléments, les vrais et un bon dénivelé à

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