Yoga : un intérêt insoupçonné pour le coureur à pied
Allergique à la méditation et réfractaire aux positions torturées, passez votre chemin ! Quoique… accorder quelques minutes à la lecture d’un article sur le yoga pourrait bien vous faire changer d’avis… Le yoga, c’est un peu comme la marche active : on a souvent l’impression qu’il est réservé aux mémés ou aux personnes peu sportives. Et pourtant…! Loin de l’image d’Epinal du yogi méditant en position du lotus et des selfies en mode zen qui fleurissent sur les réseaux sociaux, le yoga ne se limite ni à l’introspection ni à de la gym d’inspiration orientale. Au-delà de la mode actuelle, penchons-nous sur l’intérêt de la discipline pour le sportif, et plus particulièrement pour le coureur à pied. Une véritable galaxie Bien que les milliers de selfies de yogis en herbe envahissent la toile, le yoga est loin d’être une pratique aussi simple à mettre en œuvre et dont les bénéfices sont aussi rapides qu’on veut bien nous le faire croire. Pour avoir essayé à trois reprises, je peux vous assurer qu’on n’atteint pas l’état de grâce d’un yogi en deux coups de cuillère à pot – ni en dix, d’ailleurs. Il faut acquérir les techniques et surtout s’entraîner, s’entraîner, s’entraîner… Le yoga désigne un ensemble de mouvances que le terme générique recouvre sans distinction. C’est un peu comme si on disait : « je fais de l’athlétisme » sans préciser si l’on est sprinteur, sauteur en hauteur ou lanceur de poids. On distingue différentes sortes de yoga, notamment l’approche traditionnelle du Hatha (très centrée sur le ressenti et l’ésotérisme), l’Ashtanga (qui peut parfois s’apparenter à de la gym), l’Anusara (approche anatomique) ou encore le Kundalini (énormément basé sur le souffle et la récitation de mantras). D’autres formes de yoga sont très pratiquées (Iyengar, Yin Yoga, Vinyasa…) et certaines ont été inventées très récemment, comme l’Acroyoga ou le Fly Yoga. Sans entrer dans les détails des différentes approches (ce qui serait très long et très technique), retenons que le yoga s’appuie sur cinq piliers majeurs : la maîtrise du souffle (ou Pranayama), les postures (ou Asanas), la relaxation, la nutrition et la méditation. On imagine donc sans peine qu’il ne suffit pas d’adopter une posture au sommet d’une montagne tout en faisant un selfie pour accéder aux bienfaits d’une pratique complexe et complète ! Intérêts du yoga pour le coureur Au-delà de l’effet de mode, le yoga présente néanmoins plusieurs intérêts pour le sportif et plus particulièrement pour le coureur à pied. Pour la respiration En yoga comme en running, le souffle occupe une place centrale. Grâce au yoga, on réapprend à respirer et on dispose de nouveaux « outils » fort utiles pour se relâcher, récupérer activement, retrouver de l’énergie… que l’on soit en train de courir ou non. L’intérêt de la respiration telle qu’elle est enseignée en yoga se révèle encore plus vif lors d’une compétition. Grâce à la maîtrise du souffle, on peut facilement canaliser ses émotions. A la clé : une sérénité accrue et de meilleures performances. En trail, les variations de terrain se prêtent particulièrement bien aux techniques de respiration du yoga : relâchement en descente, récupération en montée raide lorsque l’on marche… Pour le système musculo-tendineux Contrairement aux étirements classiques enseignés dans les clubs d’athlétisme, le yoga propose de maintenir des postures plusieurs minutes en leur associant une respiration adaptée. L’assouplissement est ainsi plus efficace et plus profond et il s’accompagne d’un lâcher prise mental. Parce que la quête de l’alignement le plus juste est incessante, mais aussi parce que le yoga ne bascule jamais dans la douleur et demeure dans la bienveillance envers le corps, les bénéfices pour le système musculo-tendineux sont indéniables. Réduction des blessures, diminution des courbatures, amélioration de la technique de course et gainage accru sont autant d’avantages procurés par le yoga. Pour la préparation mentale La course à pied a beau être un loisir censé nous procurer détente et plaisir, elle est aussi source de stress, notamment pour ceux qui épinglent régulièrement un dossard. Le yoga permet d’accéder à un état de relaxation grâce à la respiration consciente et maîtrisée qui apaise le corps et l’esprit. La sophrologie, la PNL ou encore la visualisation positive sont d’ailleurs des méthodes de préparation mentale du sportif qui sont directement issues du yoga. Ce dernier permet de renforcer le mental et d’optimiser les performances. Pour l’hygiène de vie L’un des cinq piliers du yoga concerne la nutrition, domaine pour le moins sensible chez le coureur à pied, très souvent soucieux de mener une existence saine et d’améliorer sa diététique. Le yoga propose de prendre conscience de ce que l’on mange, même si l’on n’adopte pas forcément le régime lacto-végétarien habituellement prôné par les yogis. L’idée fondamentale du yoga est que les choix alimentaires ont un impact non seulement sur le physique, mais aussi sur le mental. Comme vous le constatez, j’ai beau être réfractaire à l’effet de mode qui entoure la vogue du yoga et avoir du mal à le pratiquer, je n’en demeure pas moins ouverte à ses multiples intérêts. Il me semble que tout un chacun, sportif ou non, devrait envisager ce type de pratique qui appartient au quotidien de nombreuses populations orientales. Pourquoi ? Parce qu’une telle approche réconcilie le corps et l’esprit tout en développant des valeurs qui font de plus en plus défaut à nos sociétés. Alors, que diriez-vous d’un soupçon de yoga en 2018 ? Par contre, choisissez soigneusement votre enseignant car on trouve vraiment de tout sur le marché… mais ceci est un autre sujet ! Marie Paturel